Rémunération/indemnisation des donneurs ?

Diverses prises de position sur le sujet

Depuis quelques temps, des personnes se déclarent favorables à une rémunération/indemnisation des donneurs de gamètes.

Exemple avec l’interview du professeur Mickaël Grynberg (spécialiste de la médecine de la reproduction) du 23 janvier 2020.
Allodocteurs : Projet de loi de bioéthique : l’avis d’un spécialiste de la reproduction

Extrait article

Lors de son audition par la commission spéciale de bioéthique de l’assemblée nationale, le gynécologue Israël Nissand s’est déclaré favorable à une « indemnisation ».

Quelques articles sur le sujet :
Figaro : Indemniser le don de gamètes: et si on en débattait sans tabou?
L’express : Gratuité du don de gamètes, le tabou français
La Croix : Faut-il rémunérer le don de gamètes en France ?

Edit du 6 février 2020
Une récente étude (voir l’article Étude préliminaire sur le vécu des donneuses d’ovocytes au CECOS de Tours) aborde le sujet. Il est proposé de mettre en place une indemnisation encadrée du don d’ovocytes.
Extrait etude

Edit du 14 avril 2020
Une étude qui vient de sortir sur les donneuses d’ovocytes françaises (voir l’article Les motivations des donneuses) nous apprend qu’elles sont 32% à penser qu’une compensation (indemnisation ou autoconservation) est indispensable.

Des experts en éthique demandent l’autorisation du don de spermatozoïdes d’hommes décédés

Présentation d’une étude avec une réflexion éthique

Article « The ethical case for non-directed postmortem sperm donation » de Nathan Hodson et Joshua Parker. Publié dans Journal of Medical Ethics.
Lien officiel : https://jme.bmj.com/content/early/2020/01/08/medethics-2019-105637

Article

Quelques médias français ont relayé l’existence de cette étude :
BBC : Les dons de sperme d’hommes morts devraient être autorisés (étude) (article PDF)
Parents : Infertilité : des experts en éthique réclament l’autorisation du don de sperme d’homme mort (article PDF)
FR24news : Le don de sperme après la mort est «moralement autorisé» pour répondre à la pénurie de donneurs britanniques | Actualités scientifiques et technologiques (article PDF)
Santé Magazine : Une étude suggère d’autoriser le don de sperme d’homme mort contre les pénuries (article PDF)
Offside : Permettre aux hommes morts de donner du sperme, selon des spécialistes de l’éthique médicale (article PDF)

Journée les enfants de la science 2020

affiche

Le programme de la journée

Modérateurs : Nouria Gründler, Pr. David Cohen
Thierry Hocquet : Que voyons-nous quand nous regardons des gamètes ?
Pr. Nathalie Rives : Conséquences de la levée de l’anonymat des donneurs
Jean-Pierre Mignard : Aspects juridiques de la filiation par don de gamètes et d’embryons

Modérateurs : Catherine Patrat, Pietro Santulli
Véronique Drouineaud : Profils des donneurs de spermatozoïdes avec ou sans enfants : l’expérience du CECOS de Cochin
Arnold Munnich : Tests génétiques et don de gamètes et d’embryons: quelles finalités ? quelles conséquences ?
François Ansermet : Conséquences subjectives du lien entre procréation et prédiction

Modérateurs: Véronique Drouineaud, Jean-Philippe Wolf
Petra de Sutter : Prise en charge en don de spermatozoïdes des couples de femmes et des femmes seules : l’expérience belge
Nouria Gründler : Dons et filiations.

Modérateurs : Pr. David Cohen, Pr. Pierre Jouannet
Myosotis : un programme de recherche sur les enfants issus de couple trans
Pr. Pierre Jouannet : Mise en place de la cohorte
Pr. Jean-Philippe Wolf : Présentation de la cohorte
Agnès Condat : Suivi des enfants
Dr. Virginie Baraud-Lange : Vers la disparition du don de gamètes ? les gamètes artificiels

programme page 1 programme page 2 programme page 3

Consentement du conjoint pour le don de gamètes et la levée de l’anonymat

Le consentement au don et à la levée de l’anonymat

Dans le cadre du projet de loi bioéthique, il y a 2 questions qui reviennent régulièrement concernant le don de gamètes :
1) Quand le donneur est en couple, faut-il maintenir l’obligation d’avoir le consentement écrit du donneur ?
2) Quand les anciens donneurs ont fait un don de couple, est-ce qu’il faut obtenir le consentement des 2 membres du couple pour autoriser la levée de l’anonymat ?

Un peu d’histoire sur les CECOS

La première loi de bioéthique date de 1994 et celle-ci a mis fin au don de sperme frais dans des cabinets de gynécologie privés. Bien souvent, ces cabinets recrutaient des étudiants en médecine qui effectuaient ce don en échange d’une indemnité financière.

Le premier CECOS date de 1973 et il a été décidé que le don de spermatozoïdes serait autorisé uniquement pour les hommes en couple ayant un enfant en bonne santé. La logique étant de dire que le don de spermatozoïdes est un don d’un couple fertile, à un couple receveur infertile. Cela signifie que le receveur du don n’était pas la femme mais c’était le couple (homme + femme). Cela signifie également que le donneur n’était pas l’homme mais c’était le couple (homme + femme).

La bibliothèque de l’Académie de médecine de Paris possède un « fonds CECOS » et de nombreux documents permettent de comprendre cette notion de « couple donneur ».
Exemple de document provenant de la bibliothèque de l’académie de médecine.
Couple donneur

Le consentement au don aujourd’hui

La loi a changé en 2011 et il n’est désormais plus nécessaire d’avoir un enfant pour faire un don. Cela a eu pour conséquence de changer le profil des donneurs qui sont plus jeunes et davantage célibataires.

Si on prend les chiffres de l’agence de la biomédecine, on peut voir qu’en 2017, la moitié des donneurs n’avaient pas d’enfant.
chiffres agence de la biomedecine

J’ai l’impression qu’en 2020, cette notion de « couple donneur » n’a plus vraiment de sens. Même quand le donneur est en couple, j’ai l’impression que c’est majoritairement une décision individuelle et qu’il n’y a pas une forte implication de la part de l’autre membre du couple.

Si un don de gamètes s’effectue sans implication du conjoint (chose qui semble de plus en plus fréquente), le donneur peut mal accepter l’obligation que son conjoint donne une autorisation écrite. Certains donneurs font d’ailleurs le choix de se déclarer célibataires afin de ne pas avoir besoin du consentement de leur conjoint (le médecin du centre de don n’a pas les moyens d’enquêter sur tous les donneurs et donc, il fait confiance aux déclarations des donneurs).

Le consentement à la levée de l’anonymat des anciens donneurs

Lors des débats du projet de loi bioéthique, il a été dit que le droit d’accès aux origines ne serait pas rétroactif. La raison donnée par le ministre de la santé était que le consentement au don signé par le donneur était à considérer comme un contrat et qu’il n’était pas possible de changer les termes de ce contrat sans le consentement du donneur. Si on suit la logique du ministre de la santé, dans le cas d’un couple donneur où les 2 membres du couple ont signé le consentement au don, on pourrait estimer normal que les 2 membres du couple aient à se prononcer sur la levée de l’anonymat.

J’ignore si les sénateurs et députés décideront que le conjoint doit donner son consentement pour la levée de l’anonymat mais je pense important de préciser que c’est surtout une obligation symbolique. En effet, si un donneur souhaite ne pas tenir compte de l’avis de son conjoint et permettre à une personne issue de son don de le retrouver, il aura toujours la possibilité d’effectuer un test génétique afin de figurer sur les bases de données ADN.

Dans ma vision des choses, cette mesure pourrait dans certaines situations être bénéfique pour les personnes issues d’un don désirant connaître l’identité du donneur. Certaines personnes issues d’un don ont 40 ans ou plus, ce qui signifie que le donneur est âgé et potentiellement décédé. Si la levée de l’anonymat peut seulement être décidée par le donneur et que celui-ci est décédé, cela signifie qu’il ne pourra jamais y avoir de levée de l’anonymat. Cependant, si la loi prend en considération la notion de « couple donneur », alors, il serait éventuellement possible d’obtenir la levée de l’anonymat grâce au seul consentement du conjoint toujours en vie.

Edit du 3 juillet 2020 : Le sénat en première lecture a fait inscrire dans le projet de loi que pour permettre la levée de l’anonymat des anciens donneurs, l’accord des conjoints serait nécessaire. Cette obligation a été supprimée par la commission spéciale de l’assemblée nationale qui a estimé que le don de gamètes était un acte personnel.

Amendement 1201
Amendement 1204

Analyse des amendements du sénat (1ère lecture)

À partir de mardi 21 janvier 2020, le Sénat va examiner le projet de loi relatif à la bioéthique.

Résumé des principaux amendements concernant les donneurs de gamètes

Les amendements sont consultables à l’adresse : http://www.senat.fr/enseance/2019-2020/238/liste_discussion.html

1) Article 1, Amendement N°123 présenté par Mme COSTES (voir au format PDF)
Cet amendement est destiné à supprimer la possibilité aux personnes issues d’un don d’obtenir l’identité du donneur.
==> Amendement rejeté.

2) Article 2, Amendement N°147 présenté par M. Henri LEROY (voir au format PDF)
Cet amendement prévoit que pour devenir donneur de gamètes, il faut déjà avoir eu un enfant.
==> Amendement rejeté.

3) Article 2, Amendement N°282 présenté par le gouvernement (voir au format PDF)
Cet amendement supprime l’information donnée au conjoint du donneur.
==> Amendement rejeté.

4) Article 2, divers amendements
Amendements N°234 (voir au format PDF)
Amendements N°263 (voir au format PDF)
Amendements N°36 (voir au format PDF)
Ces amendements portent sur la question de savoir si le conjoint du donneur doit oui ou non donner son consentement pour que le don puisse se faire.
==> Amendement rejeté.

5) Article 2, Amendement N°124 présenté par Mme COSTES (voir au format PDF)
Cet amendement est destiné à supprimer la possibilité pour les personnes issues d’un don d’obtenir l’identité du donneur.
==> Amendement retiré.

6) Article 2, divers amendements
Amendements N°149 (voir au format PDF)
Amendements N°257 (voir au format PDF)
Ces amendements sont destinés à réduire le risque de consanguinité en fixant un objectif de 5 naissances au maximum par donneur.
==> Amendement retiré.

7) Article 2, Amendement N°148 présenté par M. Henri LEROY (voir au format PDF)
Cet amendement réaffirme le principe de gratuité du don et interdit tout versement d’argent à un donneur.
==> Amendement retiré.

8) Article 3, Amendement N°240 présenté par M. Loïc HERVÉ (voir au format PDF)
Cet amendement est destiné à supprimé le droit d’accès aux origines.
==> Amendement rejeté.

9) Article 3, Amendement N°122 présenté par Mme COSTES (voir au format PDF)
Cet amendement est destiné à supprimer la possibilité pour les personnes issues d’un don d’obtenir l’identité du donneur.
==> Amendement rejeté.

10) Article 3, divers amendements
Amendements N°233 (voir au format PDF)
Amendements N°292 (voir au format PDF)
Amendements N°244 (voir au format PDF)
Ces amendements sont destiné à rétablir le droit d’accès aux origines tel qu’il a été voté en première lecture à l’assemblée nationale. Le donneur doit préalablement donner son consentement au droit d’accès aux origines pour avoir le droit de faire son don.
==> Amendement rejeté.

11) Article 3, Amendement N°293 présenté par le gouvernement (voir au format PDF)
Cet amendement est destiné à supprimer l’autorisation de contacter les anciens donneurs.
==> Amendement rejeté.

12) Article 3, Amendement N°265 (voir au format PDF)
Cet amendement est destiné à supprimer l’obligation d’obtenir le consentement du conjoint du donneur.
==> Amendement rejeté.

13) Article 3, Amendement N°281 présenté par le gouvernement (voir au format PDF)
Cet amendement est destiné à supprimer le consentement du conjoint du donneur pour l’accès aux origines.
==> Amendement rejeté.

14) Article 3, Amendement N°264 (voir au format PDF)
Cet amendement souhaite la création d’une nouvelle commission en charge de l’accès aux origines, plutôt que de confier cette tâche au CNAOP.
==> Amendement rejeté.

15) Article 3, Amendement N°287 présenté par le gouvernement (voir au format PDF)
Cet amendement souhaite la création d’une nouvelle commission en charge de l’accès aux origines, plutôt que de confier cette tâche au CNAOP.
==> Amendement rejeté.

16) Article 3, Amendement N°201 (voir au format PDF)
Cet amendement souhaite accorder un délai de 5 ans avant une possible destruction du stock de gamètes, ceci afin d’éviter un risque de pénurie.
==> Amendement retiré.

Téléchargement de la version du projet de loi adopté par la commission spéciale du sénat le 8 janvier 2020 (PDF).

Téléchargement du compte rendu des débats du 7 janvier 2020 (PDF).

Forum Européen de la bioéthique

logo

Le forum Européen de la bioéthique organisera le samedi 8 février 2020 la table ronde « La place du père ? ».

la place du pere

Lien du programme de ce débat : https://www.forumeuropeendebioethique.eu/Programme/la-place-du-pere/

Les intervenants seront :
– Ludovine DE LA ROCHERE, Présidente de La Manif pour Tous
– Maurice CORCOS, PU-PH – Psychiatre Université René Descartes- PARIS V Chef de Service du Département de Psychiatrie infanto juvénile Institut Mutualiste Montsouris, Paris 14ème
– Guillaume DURAND, Maître de conférences en philosophie à l’Université de Nantes, membre de la Consultation d’Éthique Clinique du CHU de Nantes et du Pôle Hospitalier mutualiste Jules Verne, et président de l’Association EthicA à Nantes
– Maud NISAND, Avocate au barreau de Strasbourg
– Irène THÉRY, Sociologue, directrice d’études à L’Ehess à Marseille

Il est très probable que la question de la PMA avec don de gamètes soit abordée durant cette table ronde.

Edition 2019 du Forum Européen de la bioéthique

Thème de la table ronde : Les enjeux éthiques de la GPA

Edition 2018 du Forum Européen de la bioéthique

Thème de la table ronde : Anonymat & gratuité des dons de gamètes et d’embryons

Il ne faut pas hésiter à regarder la vidéo jusqu’au bout car après le débat entre les invités, la parole est également donnée au public qui peut avoir des choses intéressantes à dire.
Intervenante du public

Mémoire « Parentalité et accompagnement des bénéficiaires du don de gamètes »

Une étudiante de l’Ecole Universitaire de maïeutique Marseille méditerranée (EU3M) a présenté et publiquement soutenu le 3 septembre 2019 le mémoire « Parentalité et accompagnement des bénéficiaires du don de gamètes ».

Ce mémoire a été publié sur les sites https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02383103 et https://hal-univ-tlse3.archives-ouvertes.fr/MEM-UNIV-AMU/dumas-02383103v1

Nous ne publions/hébergeons pas ce mémoire sur notre site Internet mais il est en libre accès à l’adresse https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02383103/document
Couverture mémoire

L’objet de l’étude de ce mémoire est de déterminer ce que ressentent des couples ayant eu recours à un don de gamètes.

L’ensemble de ce mémoire est intéressant mais c’est principalement un paragraphe de la conclusion qui concerne le plus les donneurs de gamètes : « De nombreuses interrogations demeurent autour du donneur, de son implication au sein de la famille ; des inquiétudes aussi du fait qu’une partie des antécédents médicaux et de l’histoire de l’enfant sont inconnus et de la potentielle existence de demi-frères et demi-sœurs.
De nombreuses inquiétudes et interrogations subsistent sur une potentielle levée de l’anonymat. »

Débat du 9 janvier 2020 à Rouen

La Mutualité Française de Normandie et l’Espace de Réflexion Ethique de Normandie ont organisé le 9 janvier 2020 à Rouen, la conférence-débat « Assistance médicale à la procréation : Faut-il lever l’anonymat du don de gamète ? »

Invitation conference Invitation conference

Page officielle de l’événement : https://normandie.mutualite.fr/actualites/conference-faut-il-lever-lanonymat-du-don-de-gametes/

Les intervenants étaient :
– Pr. Nathalie RIVES, Présidente des CECOS et responsable du CECOS de ROUEN
– Pr. Grégoire MOUTEL, Directeur de l’Espace de Réflexion Ethique de Normandie
– Audrey et Arthur KERMALVEZEN, Fondateurs de l’association Origines
– Irène THERY, Sociologue

Les organisateurs nous avaient très aimablement invités à participer à ce débat mais nous avons préféré assister au débat dans la salle avec le public.

Photo conference

(Merci à la Mutualité Française de m’autoriser à utiliser leur photo du débat)

Documentation sur le droit d’accès aux origines

Le projet de loi bioéthique prévoit d’instaurer un droit d’accès aux origines pour les personnes qui sont issues d’un don. Le projet de loi prévoit également que les bénéficiaires d’un don recevront de la documentation sur ce droit d’accès aux origines.

Dossier-guide pour parents

Nous approuvons cette mesure et il nous semblerait souhaitable que cette documentation soit également remise aux donneurs. En effet, le projet de loi prévoit bien d’informer les donneurs sur le droit d’accès aux origines mais sans évoquer la remise de documentation.

dossier donneurs

Nous avons rencontré le sénateur Daniel Chasseing (vice-président de la commission spéciale du sénat en charge du projet de loi bioéthique) qui partageait la même opinion que nous sur cette question. M. Chasseing a déposé un amendement allant dans ce sens, mais celui-ci a malheureusement été rejeté.

amendement 35

amendement 35

La Fédération Française des CECOS nous a écrit que même si cela ne figure pas dans la loi, il leur serait parfaitement envisageable de remettre ce dossier-guide aux donneurs dès lors qu’il sera défini. Nous remercions la Fédération des CECOS pour cela.

Edit du 12 juin 2020 : La CNIL a publié son rapport d’activité 2019 (voir l’article Rapport d’activité 2019 de la CNIL).
Extrait du rapport : « Au regard du projet de loi, elle a ainsi souligné la nécessité de prévoir pour les donneurs une information particulièrement approfondie, lesquels devront avoir pleinement conscience de ce que leur don s’accompagne par ailleurs d’un consentement à la transmission de leurs données à l’enfant né du don. ».

Selon nous, remettre aux candidats au don une documentation expliquant le droit d’accès aux origines irait dans le sens des recommandations de la CNIL.