Pierre Joubert, le donneur de sperme qui regrette sa décision

Titre de l’article :
Adresse : «Dans mon fantasme, les enfants allaient être élevés par des couples géniaux» : Pierre Joubert, le donneur de sperme qui regrette sa décision
Auteur : Madeleine Meteyer
Date de publication : 31 août 2022

Résumé de l’article :

Pierre Joubert est né le 17 décembre 1959 à Brioude et il est le 9ème d’une fratrie qui en compte douze.
En 1980, une amie vient le voir. Son mari est stérile. Ils veulent un enfant et elle a besoin de voir son nom remonter dans la liste du CECOS (Centres d’Étude et de Conservation des Œufs et du Sperme humains) de Lyon. Amener un donneur, permettait de gagner quelques places. Il fait donc un don de spermatozoïdes en parrainant son amie.
Quelques années plus tard, Pierre Joubert reçoit une lettre du centre disant « Félicitations, votre don a permis la naissance de 12 enfants dans la région de Bordeaux ». Il découvrira cependant qu’au moins trois d’entre eux sont en fait nés à Lyon.

Pierre découvrira qu’il est porteur du syndrome d’Ehlers-Danlos. Celui-ci affecte la production de collagène. Dans sa famille, il prend une forme grave. Apprenant cette nouvelle, Pierre appelle le CECOS. Avertit les médecins : il faut prévenir les enfants nés de son don. «Ils ne m’ont jamais rappelé.»

En 2017, Pierre rencontre Émilie qui est issue de son don. La rencontre avec Émilie a débouché sur une relation aimante et quand il lui a demandé s’il pouvait l’adopter («c’est ce que je devais faire»), elle a répondu «qu’elle était touchée que je la veuille dans ma vie».

Mais ce récit contient des émotions mêlées. Pierre a des regrets, immenses. «Y’a plein de choses qui ne vont pas, s’emporte-t-il un peu de son ton doux. Le CECOS n’a pas fait les examens nécessaires, ils n’ont rien fait quand je les ai avertis de mes maladies. Qu’est-ce que je vais faire si les neuf autres enfants viennent vers moi ? Je ne peux pas gérer.»

La levée partielle de l’anonymat du don de sperme, prévue pour ce 1er septembre, ne lui arrache pas des exclamations d’enthousiasme. «On prend trop de risques avec ces histoires, il faut faire attention, très attention.»