Pierre Cabaré, né le 12 décembre 1957 à Toulouse, est un prothésiste dentaire et homme politique français, membre de La République En Marche (LREM).
Le 18 juin 2017, il a été élu député de la Haute-Garonne.
Le 22 septembre 2019, le journal l’Opinion publie l’article « PMA, don de sperme: quand la loi bioéthique résonne avec l’histoire intime des députés »
Nous citons un extrait de l’article en question :
« Il ne l’a confié qu’à certains de ses collègues. Pierre Cabaré, 61 ans, prothésiste dentaire, est député LREM de Haute-Garonne depuis juin 2017.
Il y a trente ans, il a fait un don de sperme**. L’un de ses frères le lui a demandé comme un service : avec sa femme, il avait recours à une insémination artificielle avec tiers donneur. Le fait pour le couple de se présenter eux-mêmes avec un donneur leur permettait d’obtenir en priorité un don d’une autre personne*. Alors, Pierre Cabaré n’a pas hésité longtemps ».
Le 17 octobre 2014, il avait déjà accordé une interview au journal La Dépêche afin d’évoquer son don.
Le 25 septembre 2019, Monsieur le député Pierre Cabaré nous accueillait à l’Assemblée Nationale pour témoigner de son expérience en tant que donneur de gamètes.
Le témoignage ci-dessous est la retranscription écrite des paroles enregistrées par Frédéric Letellier avec l’accord de monsieur Pierre Cabaré lors de l’entretien à l’Assemblée nationale.
Témoignage
Monsieur Pierre Cabaré: « Ce que je veux dire aujourd’hui, c’est d’abord que cette commission spéciale bioéthique est d’un intérêt particulièrement rare. J’aurai appris infiniment de choses.
J’ai dit sur « l’Opinion » que j’avais fait un don il y a une trentaine d’années. Je l’ai fait parce que c’était anonyme et j’ai levé cet anonymat parce qu’après une réflexion d’une dizaine d’années, j’ai pensé qu’il était utile si les enfants « demi-génétiques » devaient se manifester et donner pour leur intérêt et pour leur « construction » (entre guillemets car ils ont des parents qui les ont largement construits), et bien, je serai tout à fait d’accord pour lever ce secret.
Aujourd’hui, je ne regrette rien de ce que j’ai fait, je regretterais juste une chose à l’avenir, c’est que cela puisse se faire dans les mêmes conditions. Je crois absolument que ce don doit être accompagné d’explications. Ces explications, nous ne les avions pas.
On arrive au CECOS, on a une visite avec un psychiatre, l’assentiment de sa femme et à l’époque, il fallait avoir eu un enfant pour pouvoir faire un don. Et puis, cela se passait dans les jours qui suivaient. Je crois que cet accompagnement doit se faire dans un délai raisonnable. Un délai raisonnable, cela veut dire que suivant la personne, il faut qu’elle puisse avoir les réponses à ses questions, y compris parfois des questions que l’on ne se pose pas lorsque l’on fait ce don. Et puis, après avoir fait ce don, il faut pouvoir en reparler, et je crois que cela est important. Il faut pouvoir en reparler à chaque fois qu’il serait nécessaire de le faire. Ce n’est pas très fréquent mais moi vous voyez, 10 ans après, c’était à l’initiative d’un journaliste de la Dépêche du Midi qui me demandait un témoignage pour essayer d’entraîner d’autres personnes vers ce don, puisque cela se passe en décembre la journée du don, et que c’est une seule journée pour sensibiliser les personnes. C’est vrai qu’une journée, c’est court donc, on peut éventuellement réfléchir à la sensibilisation sur d’autres moyens et par d’autres formes, et tout au long de l’année sur ce type de don.
Je pense qu’il faut absolument lever le secret. Il faut lever ce secret (je le voterai d’ailleurs) parce que, si on explique, ce n’est pas un obstacle. Si on explique à quelqu’un, si on dit à la personne comment cela va se passer, les conséquences, forcément, cela ne va pas être un obstacle. Maintenant, c’est vrai que l’on n’expliquait rien, alors évidemment, quand on n’explique rien, on se pose des questions a posteriori et ce n’est jamais bon. Et puis, il semble nécessaire de parler aussi d’une chose à laquelle je n’avais pas pensé quand j’ai fait ce don. Je pense à mes enfants. Mes enfants n’étaient pas au courant de cela. Je ne les avais pas mis au courant parce que cela ne m’était pas venu à l’idée. Eh bien, je crois que parce que cela ne m’est pas venu à l’idée, il faut absolument que les donneurs soient renseignés aussi là-dessus parce qu’il faut leur donner l’idée de le dire. En le disant, forcément, cela lève beaucoup d’obstacles. Cela lève tout ce qui est interrogations autour de ce don.
C’est vrai que je n’ai pas su combien d’enfants pouvaient naître d’un don. Maintenant, je le sais, mais c’est aujourd’hui que je le sais. Je n’ai pas su si ces dons étaient pour la région, le département ou s’ils partaient dans d’autres régions de France. Parce qu’avec entre 5 et 10 enfants par donneur, il peut y avoir des chances de croisements et de consanguinité, donc là aussi, il faut informer.
La dernière chose, c’est qu’il faut informer et il faut que les personnes puissent poursuivre leur vie paisiblement sans avoir l’interrogation de se demander à quel moment quelqu’un pourra sonner à la porte pour dire « est-ce que je peux vous rencontrer parce que vous avez fait un don de sperme ? ». Ça aussi, il faut l’expliquer au départ. Il faut l’expliquer et il faut l’accompagner. Je crois que l’effet de surprise est très mauvais là-dessus.
En revanche, l’accompagnement, oui, j’y crois beaucoup. Il faut aussi pouvoir dire aux personnes, lorsque cela peut arriver, « vous serez prévenus ». Cela ne se passera pas forcément chez vous si vous ne le souhaitez pas mais cela peut se passer ailleurs.
Si l’enfant le demande, on va vous demander si vous voulez bien le rencontrer ou pas, mais la personne pourra ou pas le faire. Ce n’est plus anonyme mais vous avez encore la possibilité de pouvoir faire cette rencontre ou pas.
Je me suis posé la question pour moi, est-ce que je ferais cette rencontre ? J’y ai réfléchi autour d’un projet d’accompagnement. Dans ces cas-là, il faut expliquer au donneur et demander au donneur ce qu’il pense pouvoir dire au jeune (parce qu’à 18 ans, ce n’est plus un enfant) qui se présente. Au jeune qui se présente, y compris à ses parents aussi car finalement, il n’y a pas que le jeune qui est concerné. Bien souvent aussi, les parents, le père et la mère du jeune. À cela, il faut préparer cet entretien parce que deux donneurs seront très différents. Il ne s’agit pas de rentrer dans un cadre affectif (je crois que cela serait assez mauvais) mais dans un cadre de renseignement génétique et je crois que c’est uniquement dans ce cadre-là que cela doit pouvoir s’effectuer avec un donneur qui est bien conscient que son don n’a pas fait de lui un père. En tout cas, mon don n’a pas fait de moi un père ».
Pour en savoir plus sur le député Pierre Cabaré, vous pouvez vous rendre sur son site Internet : https://www.pierrecabare.com/
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*Pour aider l’un de ses frères en parcours PMA avec tiers donneurs, Pierre Cabaré a fait un don croisé anonyme, plus communément appelé « parrainage ». Emilie Goubert, co-fondatrice de notre association a eu l’occasion d’échanger quelques mots avec lui par téléphone: Bien que cette pratique soit interdite par la loi mais largement tolérée, le député l’a lui-même qualifié de « coutumière ». Terme assez juste qui ne fait que confirmer le caractère ambigue et questionnant de cette pratique. Pour en savoir plus,
le « parrainage » (ou don croisé anonyme) a fait l’objet d’un article à retrouver ici >
**Nous préférons le terme plus juste de « spermatozoïdes » à « sperme ». Utiliser l’expression « don de sperme » lorsque l’on évoque le don des gamètes masculins, bien que largement relayée dans divers articles et médias, est une erreur de langage facilitée par le fait que le mot « sperme » est plus cours et facile à écrire. Remettons donc les choses à leur place de cette manière: les spermatozoïdes sont les gamètes masculins (cellules reproductrices mâles), les ovocytes sont quant à eux, les gamètes féminins (cellules reproductrices femelles). Le sperme quant à lui est le liquide biologique contenant les spermatozoïdes. Nuance donc.