Les représentations sociales des fournisseuses de gamètes en Espagne : derrière le « don » d’ovocyte, un travail invisibilisé et dévalorisé ?

Sujet : Les représentations sociales des fournisseuses de gamètes en Espagne : derrière le « don » d’ovocyte, un travail invisibilisé et dévalorisé ?

Auteurs : María Isabel Jociles, Ana María Rivas et Ariadna Ayala Rubio

María Isabel Jociles
Professeure titulaire, Universidad Complutense de Madrid, jociles@cps.ucm.es

Ana María Rivas
Chercheuse, Universidad Complutense de Madrid, rivasant@cps.ucm.es

Ariadna Ayala Rubio
Maître de conférences, Universidad Complutense de Madrid, aayalaru@ucm.es

Date de mise en ligne : 15 octobre 2021

Résumé

Cadre de la recherche : L’Espagne se classe au premier rang en Europe en matière de « don » d’ovules. Leur production et leur commercialisation constituent aujourd’hui l’un des marchés les plus lucratifs du système économique national.

Objectifs : Comment les femmes cédant leurs ovules comprennent-elles ce « don » ? Dans une société où le « don » d’ovocytes est formalisé comme un acte bénévole et altruiste, comment les « donneuses » conçoivent-elles et considèrent-elles la rémunération qu’elles obtiennent pour cet acte ?

Méthodologie : Cet article présente l’analyse d’entretiens approfondis menés avec 38 « donneuses » d’ovules, issues de différentes régions d’Espagne, participant actuellement ou ayant participé au processus de « don ». Entre 18 et 49 ans, elles occupent pour la plupart des emplois précaires, elles sont au chômage et/ou elles sont étudiantes non boursières.

Résultats : Les « donneuses » d’ovules ne conçoivent pas leur contribution à l’industrie de la reproduction humaine comme un travail salarié.

Conclusions : Même si ces femmes jouent un rôle prépondérant dans le processus de « don » d’ovules, leur contribution est bien souvent sous-estimée. Pourtant, leur implication est nécessaire à la concrétisation de projets familiaux de personnes souhaitant devenir parents. Elles contribuent également au bon fonctionnement de l’activité des cliniques d’assistance à la procréation et à l’approvisionnement des banques de gamètes.

Contribution : Tout en présentant l’organisation sociale du « don » d’ovules en Espagne, cet article révèle la manière dont le travail reproductif effectué par les femmes produisant et cédant leurs ovocytes est invisibilisé et dévalorisé. De plus, il rend compte de la façon dont les « donneuses » d’ovules sont expropriées de leur matériel biologique, expropriation faiblement rémunérée et dont elles ne tirent qu’une faible part des bénéfices. Cette exploitation des femmes à travers le « mode biomédical de reproduction » et l’invisibilisation de leur travail est rendue possible grâce à l’anonymat des « dons », la coordination phénotypique, les modes de consentement, une compensation économique, et plus largement par une métaphore du « cadeau » et d’une idéologie de l’altruisme.

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Mots-clés : procréation médicalement assistée, travail de reproduction humaine, « donneuses d’ovules », travail reproductif, altruisme, compensation financière

Citation :

María Isabel Jociles, Ana María Rivas et Ariadna Ayala Rubio, « Les représentations sociales des fournisseuses de gamètes en Espagne : derrière le « don » d’ovocyte, un travail invisibilisé et dévalorisé ? », Enfances Familles Générations [En ligne], 38 | 2021, mis en ligne le 15 octobre 2021. URL : http://journals.openedition.org/efg/12099

Jociles, María Isabel, Rivas, Ana María et Rubio, Ariadna Ayala « Les représentations sociales des fournisseuses de gamètes en Espagne : derrière le « don » d’ovocyte, un travail invisibilisé et dévalorisé ? ». Enfances, Familles, Générations no 38 (2021). https://doi.org/10.7202/1086958ar

Lien du document : https://doi.org/10.7202/1086958ar et http://journals.openedition.org/efg/12099

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Loi du 2 août 2021 et PMA : Quels changements ?

Titre de la conférence : Loi du 2 août 2021 et PMA : Quels changements ?
Date de la conférence : Lundi 4 avril 2022, 18h00 – 19h30
Conférence animée par le Docteur Aline Papaxanthos.
Le Docteur Papaxanthos est médecin de la reproduction au CHU de Bordeaux, responsable du service de biologie de la reproduction – CECOS et du centre d’assistance médicale à la procréation au centre Aliénor d’Aquitaine.

Une initiative originale pour augmenter les dons de spermatozoïdes

L’Agence de la biomédecine s’est récemment félicitée du fait qu’il y avait eu environ 600 donneurs de spermatozoïdes en 2021. C’est effectivement une bonne nouvelle puisqu’à titre de comparaison, le nombre de donneurs de spermatozoïdes en 2019 était de seulement 319. Cependant, il faut également prendre en considération que grâce à la récente mise en place de la PMA pour toutes, le nombre de sollicitations pour bénéficier d’une AMP avec don de spermatozoïdes est en forte augmentation, ce qui signifie que les centres AMP ont besoin de davantage de donneurs.

Le ministre des solidarités et de la santé a annoncé en septembre 2021 que les délais d’attente pour bénéficier d’un don de spermatozoïdes seraient inférieurs à 6 mois (voir le communiqué de presse).

Malheureusement, de nombreux centres AMP ne parviennent pas pour l’instant à respecter cette promesse. D’après certains témoignages, les délais d’attente peuvent être très supérieurs à 6 mois.

Afin d’augmenter le nombre de dons et de réduire les délais d’attente, il avait été décidé de recourir aux services d’un cabinet de conseil. Celui-ci a récemment rendu son rapport dans lequel il préconise notamment d’écouter les conseils donnés par les meilleurs experts du domaine. Concrètement, il a été décidé d’organiser dès cette année, des recrutements de donneurs de spermatozoïdes directement sur les plages et lieux touristiques durant la période estivale.

Extrait de l’émission Télématin du 22 octobre 2021 :

Les centres AMP de Brest, Montpellier, Marseille et Nice ont dès à présent annoncé qu’ils organiseraient des collectes dès cet été. D’autres centres AMP (celui de Caen par exemple) sont intéressés par l’idée mais n’ont pas encore pris de décision ferme. Pour l’instant, il est prévu que chaque équipage mobile soit composé au minimum d’un biologiste, d’un psychologue et d’un conducteur. C’est la société Picard qui a remporté l’appel d’offre public et ce sera donc elle qui fournira les camions qui réaliseront les collectes.

Cette façon de procéder pour augmenter le nombre de dons peut sembler très originale mais en réalité, cela n’est pas si révolutionnaire que cela. En effet, cela fait longtemps que l’Etablissement Français du Sang a compris que c’était une bonne méthode pour augmenter les dons et dispose en conséquence de plusieurs véhicules équipés pour réaliser des dons.

Si cet été, vous croisez un centre de recueil mobile, n’hésitez pas à y faire un court arrêt afin de leur donner un coup de main afin d’augmenter les réserves. C’est grâce à un grand nombre de donneurs solidaires que nous parviendrons à réduire les délais d’attente pour tous les patients qui en ont besoin.

Edit du 2 avril 2022 : Vous aurez deviné que cet article était bien évidemment une blague du 1er avril.