Titre de la vidéo : Témoignage de Cécile sur son don d’ovocytes
Auteur : Agence de la biomédecine
Un grand merci à Cécile Speich pour son don et son témoignage !
Titre de la vidéo : Témoignage de Cécile sur son don d’ovocytes
Auteur : Agence de la biomédecine
Un grand merci à Cécile Speich pour son don et son témoignage !
C’est sur les bancs de l’université que j’ai fait la connaissance de Camille, qui m’a révélé assez tôt ne pas être capable de devenir mère car elle était atteinte du syndrome de Turner. C’est un maladie qui touche exclusivement les femmes, avec des manifestations variables dues à l’absence complète ou partielle d’un des deux chromosomes X. Ces femmes ont notamment un défaut de fonctionnement des ovaires, obligeant le recours au don d’ovocytes pour avoir des enfants. Camille a toujours sensibilisé son entourage au don.
Et pourquoi pas moi ? Mon amie n’avait pas besoin de moi pour un don (les personnes éligibles au don peuvent raccourcir leur délai d’attente en venant avec une donneuse), mais je ne faisais pas une grande utilité de mes ovocytes. J’ai 30 ans, en couple depuis 8 ans mais pas de projet d’enfant, je ne sais pas si ce choix est définitif.
Ce don était pour moi une façon de faire preuve de sororité. Je m’estime chanceuse d’être en bonne santé. Au niveau purement génétique,mes parents sont toujours en vie, ma mère de 70 ans rentre toujours dans du 36 et fait son footing tous les matins, elle n’a jamais eu de grave problème de santé. Mon frère et son fils sont aussi en bonne santé. Bref, tous les feux sont au vert me direz-vous. Le don de gamète ne me pose pas de problème éthique, je ne vois pas dans le don d’une cellule un abandon d’enfant.
Je me suis donc rendue au centre habilité au don d’ovocytes le plus près de chez moi, à 20 kilomètres. L’accueil est agréable mais on m’annonce que les différents entretiens préalables (gynécologue, psychologue, généticienne) ne pourront être fait le même jour à cause d’une incompatibilité d’agenda des différents professionnels. Je prends donc 2 demi jours de congés pour me rendre aux RDV. On me donne de nombreux papiers à remplir dont un formulaire qui retient mon attention : le consentement de mon conjoint.
« Mon corps m’appartient », ce slogan qui a défendu le droit à l’avortement résonne en moi comme un étendard. Et c’est au cours de ce don qu’on le réfute violemment. Les professionnels de santé sont désolés : « si vous déclarez que vous êtes célibataire, vous n’aurez pas à le remplir, c’est une simple déclaration ». Révoltant. Je suis en couple, mon conjoint soutient ma démarche mais il se demande bien qu’est-ce qu’il vient faire là dedans. Quel droit a-t-il sur MES cellules ? « Ne vous inquiétez pas, c’est la même chose pour les hommes ». C’est censé me rassurer ? Dans quelle société sommes nous encore ? Quel droit la vie commune donne sur le corps de l’autre? Sur ses choix? J’ai vécu la signature de ce formulaire d’autorisation comme une vraie violence. J’étais convaincue que le combat mené par des générations de femmes avant moi m’éviterait de demander l’autorisation de mon conjoint dans quoi que ce soit.
La seconde épreuve fut la généticienne. Naïvement, je pensais que ne pas avoir connaissance de maladie grave suffisait. Ma famille a une histoire complexe, comme de nombreuses familles je pense. J’ai rompu les liens avec mon père et donc sa famille, et ma mère a perdu ses parents et n’a jamais vraiment créé de liens avec ses frères et soeurs. La généticienne entreprend un arbre généalogique qui s’avère truffé de points d’interrogation et de vide. Elle reste bienveillante mais m’explique que si je ne fais pas des recherches sur ma famille, le don ne pourra pas se faire car il sera trop “risqué” pour les receveurs. Elle me prescrit une prise de sang avec de nombreuses recherches génétiques que je pars faire au laboratoire. Elle me demande de faire des recherches sur ma famille et de la recontacter. Je suis prête à subir une stimulation ovarienne, à subir une ponction douloureuse, mais certainement pas à plonger dans une histoire familiale que je devine venimeuse. C’est trop. Je n’ai jamais été recontactée par le centre de don d’ovocytes.
Tout ça… pour rien! Nous manquons cruellement de dons d’ovocytes en France. Le don est anonyme et gratuit, il est plus éprouvant (stimulation ovarienne, échographie), douloureux parfois. Sélectionner sévèrement les candidates selon des règles décidées par la médecine ne serait-il pas un luxe?
A 30 ans, débordante de santé, j’ai été “ghostée” par le centre de don d’ovocytes (aucune lettre de refus, aucune relance). Certes la crise sanitaire a dû bouleverser les plannings mais les demandes des couples infertiles sont toujours là. La vraie problématique est toujours la question du refus du choix, et du déni d’autonomie de la personne dans la médecine de 2020. Refus de l’autonomie de la donneuse qui doit demander à son conjoint et refus de l’autonomie des receveurs à qui on pourrait proposer mon profil et le “risque” associé. Le refus de mon don se fait selon des critères qui ont été fixés par un
paternalisme médical qui n’a plus lieu d’être.
Nous lui souhaitons un bon parcours de don !
Lien du podcast : https://shows.acast.com/do-un-podcast-de-donneuse-dovocyte-en-france/episodes
Épisode pilote
Episode 1 : les premiers rdv
Episode 1 bis épisode bonus : les documents reçus
Episode 2 : rdv psychologue et génétique
Site Internet : https://www.laurebarriere.fr/
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Je suis designer graphique et illustratrice. Un jour, à 34 ans, alors que je suis déjà maman, ma mère m’apprend que mon plus jeune frère et moi avons été conçus par don de sperme. C’est un vrai choc car jamais je ne m’étais douté de ce secret.
Il a fallu intégrer cette nouvelle à mon histoire, et donc ré-écrire mon histoire. Mettre mon père et le géniteur chacun à leur place. J’ai compris que mon père serait toujours mon père puisqu’il a été l’homme qui m’a désirée, aimée, élevée. Et c’est cela pour moi un papa.
Mais alors que faire de cet inconnu qui a surgi dans ma vie ? J’ai écrit un texte à ce sujet pour raconter la complexité émotionnelle dans laquelle je me trouvais (Naissance d’un père, sur Instagram). Puis j’ai raconté tout ça en images, et j’ai appelé ça Séparer le père du géniteur. Et de fil en aiguille de récit en récit, j’ai réussi à tout démêler et à mettre chacun à sa place, enfin je crois. Le géniteur est l’homme qui a généreusement donné l’étincelle qui manquait à mes parents. Je ne le cherche pas, mais j’aimerais bien connaître quelques détails de qui il est… ses passions, ses goûts, s’il a des enfants, où il a grandi et le nom de ses parents.
J’ai de la gratitude pour lui, car il m’a donné un père. Bien que je sois passée par des moments de colère.
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Laure travaille sur un projet de BD pour raconter son histoire et vient de lancer un projet Kickstarter. N’hésitez pas à la soutenir !
Lien du projet Kickstarter de sa BD : https://www.kickstarter.com/projects/laurebarriere/la-meuf-en-paillettes-the-glitter-girl
« Il y a 3 protagonistes dans une PMA avec tiers donneur : un couple de parents, un enfant désiré et un donneur de gamètes. L’anonymat du donneur a longtemps été imposée à tous afin de que les couples soient rassurés dans leur parentalité.
Enfin est entendu le besoin de l’enfant qui ne cherche pas un autre parent mais juste des réponses. Enfin est entendu le malaise du donneur de gamètes d’être perçu comme une menace (« Merci, mais adieu et à jamais !») Le donneur ne doit pas être effacé, car sans son geste altruiste et désintéressé rien n’est possible. Cependant comme Irène Théry* le propose, remplaçons le terme de « parent biologique » par celui de « donneur d’engendrement » pour stopper net le malentendu : car un donneur n’est et ne sera jamais un parent !
La levée de l’anonymat conforte chacun dans son rôle, sans menaces, ni peurs… mais du bonheur ! »
*Irène Théry : Des humains comme les autres. Bioéthique , anonymat et genre du don – éditions EHESS Cas de figure – 2010
Fabien Lamarque est un développeur de 32 ans qui habite à Bordeaux.
Il possède un blog : https://fabien-lamarque.eu/
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Je donne mon sperme
L’article est en deux partie :
1. Une partie descriptive et pratique sur le don de sperme
2. Une partie plutôt philosophique, qu’est-ce que ça veut dire donner son sperme à un centre de PMA ?
Comment ça se passe ?
Depuis début septembre je donne mon sperme au CECOS (Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains) de Bordeaux, à l’hôpital Pellegrin.
Qui peut donner son sperme ?
Tous les individus mâles entre 18 et 45 ans en bonne santé.
Il n’est plus nécessaire d’avoir fait preuve de sa fertilité (avoir eu des enfants), n’importe qui peut y aller.
En bonne santé, ça veut dire pas de MST/IST, pas d’hépatite, pas de maladie génétique.
Si vous êtes marié, il est nécessaire d’avoir l’accord de son ou sa conjointe.
Où aller ?
Au CECOS de votre région, qui se trouve dans le CHU du coin. Il faut les appeler pour prendre le premier rendez-vous.
Quelles sont les conditions ?
Le don est gratuit, mais l’hôpital peut vous rembourser le transport (train, parking).
Le don est volontaire.
Le don est essentiellement anonyme, mais l’enfant qui naitra pourra récupérer à ses 18 ans s’il en fait la demande le nom, prénom et l’âge du géniteur (notamment grâce aux actions des associations d’enfants nés de PMA, telles que pmanonyme).
Le don se fait à l’hôpital.
Il faut suivre un entretien de “motivation” et avoir un entretien avec un ou une psychologue pour être sûr de faire le don pour les bonnes raisons (j’y reviendrai).
Faire un don de sperme, c’est éjaculer et recueillir l’équivalent de 100 paillettes (une petite paille qui contient du sperme congelé). Il faut en moyenne 5 dons pour recueillir 100 paillettes.
Il faut en moyenne une dizaine de paillettes à un couple pour obtenir un enfant.
La limite légale est de 10 enfants obtenus par PMA pour un donateur.
Si les 10 enfants sont nés grâce à votre don, les paillettes restantes peuvent être redonnées à des laboratoires pour des essais.
Comment ça se passe ?
Ils demandent 3 à 6 jours d’abstinence avant le recueil.
On m’a amené dans une salle stérilisée d’hôpital (salle de recueil). Puis il faut faire dans un ordre très précis :
– Descendre son pantalon
– Nettoyer son gland avec un produit stérilisant
– Rincer le gland
– Laver ses mains consciencieusement
– Ouvrir le tube qui servira de réceptacle
– Se masturber (mais pour cause de COVID, pas de magazine pornographique ni quoi que ce soit)
– Éjaculer dans la fiole, la reboucher
– Se rhabiller et appeler l’infirmière
Pourquoi j’en parle
Les parcours PMA aboutissent à plus de 3,5% des enfants nés en France (25 000). Il y a toujours eu besoin de dons de sperme pour des parcours de PMA avec des hommes stériles, mais ça représentait une minorité des parcours PMA (700 sur 25 000). La plupart des couples qui font le parcours PMA se contentent de faire une FIV et de faire des stimulations ovariennes, ou par sélection de sperme (avec une sélection magnétique, on est capable d’écarter les spermatozoïdes en état de mort embryonnaire, donc on peut demander à un futur papa de donner 5 ou 10 éjaculats, puis de filtrer les meilleurs, pour être sûr de réussir la FIV).
Comme un donateur de sperme suffit à fournir assez pour 10 enfants, un CECOS n’a besoin que d’une poignée de donateurs par an. Or la situation est très spéciale en ce moment dans les CECOS.
La levée de l’anonymat
Avant septembre 2021, les dons étaient purement anonymes, et ils ne le sont plus vraiment, les enfants peuvent récupérer ces informations relatives à leur géniteur à leurs 18 ans. Cette levée d’anonymat a pour effet (prévu, car la situation s’est déjà passée en Suède notamment) de diminuer sensiblement les dons de sperme.
Le COVID
Depuis Mars 2020, les dons ont été arrêtés temporairement (on ne savait pas si le COVID pouvait toucher les enfants, comment il se transmettait, etc.). Certains centres CECOS n’ont pas reçu un seul nouveau donateur depuis plus d’1 an et demi.
L’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules
Depuis la loi pour la PMA pour toutes, les femmes seules et les femmes en couple pourront bénéficier d’un parcours de PMA en France. C’est un public qui logiquement aura systématiquement recours au don de sperme. D’après les estimations au doigt mouillé du biologiste que j’ai rencontré, les CECOS s’attendent à avoir une demande 2 à 3 fois plus élevée que les années précédentes.
Si j’ai bien compris, au CECOS de Bordeaux, aujourd’hui, on refuse de prendre des nouveaux couples par manque de sperme.
Au final
– Les stocks de sperme sont très bas
– La demande en sperme va augmenter
– Les dons vont baisser
La situation est donc difficile, et les CECOS craignent de ne plus pouvoir accomplir leur mission.
Pour une ressource que j’ai en quantité quasi-illimitée, et comme j’habite à une demi-heure du CHU de chez moi, je trouve ça vraiment dommage de ne pas partager.
Et la philosophie ?
Je l’ai dit, pour faire un don, il faut passer un entretien avec un ou une psychologue. Pour cet entretien, c’est mieux d’être bien préparé, donc voici quelques pistes de réflexion.
Qu’est-ce qu’un père ?
Il y a deux concepts qu’il est important de différencier.
Le géniteur, c’est celui qui a fourni le sperme, le parent biologique mâle.
Le père, c’est la figure paternelle, celui qui a élevé l’enfant.
L’acte de don de sperme fera de vous (si tout se passe bien) le géniteur d’au maximum 10 enfants (qu’on appelle la progéniture). Mais vous ne serez pas leur père. Le lien qui vous unira à eux sera purement mécanique, chimique. Il ne vous appartient pas de les élever, de les éduquer, ou de les protéger. Votre progéniture n’est pas vos enfants.
Personnellement, qu’est-ce que ça veut dire ?
J’ai souvent entendu “Mon enfant je l’ai tout de suite aimé”, “Je ferai tout pour protéger et aimer mon fils”, “J’ai pleuré de bonheur lors de la naissance” de la part de mamans et de papas.
C’est un sentiment que je n’ai jamais ressenti, cette sorte de pulsion biologique de protéger son enfant (c’est un peu la figure paternelle traditionnelle, celle qui punit et qui protège). Au contraire, je regardais circonspect mon enfant en me demandant pendant encore combien de temps il m’empêcherait de dormir. Pas d’amour fou, pas de déluge d’hormone, rien d’intense.
Évidemment même si je ne débordais pas d’amour, je faisais quand même toutes les tâches nécessaires à la survie de ma progéniture, mais je voyais ça comme un moyen de soutenir ma femme et de lui laisser le maximum de repos et le moins de charge mentale.
Puis quand la progéniture a grandi, les interactions se sont multipliées, la langue des signes puis le langage sont arrivées. Le temps passé avec la progéniture devenait de plus en plus agréable, les activités finissaient en éclats de rire, les sorties en tête-à-tête se ritualisaient. Le confinement est arrivé, et je passais la plus grande partie de mon temps libre avec elle, puis je l’aimais.
C’est ce qu’on a appelé la patrescence, la naissance du père, le moment où la figure paternelle remplace le géniteur. Ça n’est pas arrivé comme ça un mardi, c’est arrivé lentement. Comme une amitié profonde, un amour d’une vie, quand on a passé suffisamment de temps avec quelqu’un pour se connaître par cœur.
J’ai déjà entendu “tu as une relation fusionnelle avec ton enfant”, et je pense que c’est faux, comme le coup de foudre qui n’existe pas. Il faut savoir en tant que papa-débutant prendre son temps, apprendre à le connaître et le laisser lui aussi apprendre à nous connaître. C’était pour moi un processus long et fascinant.
La distinction est étant très claire pour moi. Les enfants nés de mon don de sperme ne sont pas mes enfants, c’est tout.
Et la levée de l’anonymat, ça signifie quoi ?
Ça veut dire que si l’un de ces 10 enfants le désire, il peut être amené à 18 ans à faire la demande à l’hôpital et récupérer votre nom, prénom et date de naissance.
Ça veut dire plusieurs choses :
– Il sait qu’il est issu de PMA avec don de sperme ce qui n’est pas si courant
– Il souffre d’un manque de figure paternelle et recherche des réponses en recherchant qui est son père, est-ce qu’il a des frères et sœurs
– Ou bien l’enfant ne manque pas d’une figure paternelle, mais il ou elle est curieuse de savoir qui est son père, d’où il vient, etc.
– puisqu’on a vu que la PMA allait être accessible aux femmes seules et aux couples homo, il est possible que les enfants nés dans ces conditions sachent qu’ils sont issus d’une PMA avec don de sperme et peuvent rechercher leur géniteur
C’est-à-dire que si vous commencez ces démarches, il faut bien être sûr de savoir ce que signifie être père et être géniteur, mais surtout vous pouvez vous retrouver face à un jeune garçon ou une jeune fille de 18 ans un peu paumée qui serait en recherche d’une figure paternelle, de rencontrer vos enfants, de trouver des repères. Dans ce cas là, il faut être prêt à avoir une discussion un peu difficile, si la progéniture recherche un papa, ça ne peut pas être vous, c’est un problème qui doit se régler avec un ou une psychologue. Il est aussi possible que la jeune fille ou le jeune homme voulant vous rencontrer veuille simplement discuter de ses origines génétiques. Je préfère donc aider 10 femmes seules ou couples à enfin avoir un enfant avec l’éventualité d’une conversation difficile dans 20 ans.
Un de mes pseudo est Madame Ovary, j’ai 35 ans, je n’ai pas d’enfants et je suis donneuse d’ovocytes !
En 2018, j’ai commencé à chercher les possibilités qui s’offraient à moi concernant la conservation de mes ovocytes. J’étais dans l’idée que cela me permettrait de gagner du temps avant de savoir si je voulais ou non des enfants. En me renseignant, j’ai appris qu’en France, on pouvait congeler certains ovocytes si on passait par le processus de don. J’ai pu parler avec des personnes ayant déjà fait un don, suivre des personnes sur internet qui s’intéressaient au sujet. A force, la question de l’autoconservation est devenue moins importante. Il y a une révélation : je ne voulais pas forcément des enfants mais j’étais ravie de participer au bonheur de gens qui en voulaient. Je suis ce qu’on appelle une « personne en bonne santé ». Peu de maladies, aucun problème génétique, un corps en état de marche ! J’ai pris mon premier rendez-vous en novembre 2017. Il s’agissait avant tout de vérifier si j’étais bien au courant d’en quoi consistait le don, ce que cela impliquait et la marche à suivre pour la suite.
Le parcours était tellement simple que j’étais de plus en plus rassurée. Les quelques rendez-vous avec le corps médical ont continué de me convaincre que cela était presque anecdotique pour moi. Il y avait quelques rendez-vous à faire, un traitement court que je pouvais faire moi-même… Finalement, il ne s’agissait que de quelques jours dans ma vie pour offrir une joie et un projet de vie sur la longueur.
Le processus a d’abord démarré par des rendez-vous avec la médecin en chef, une biologiste et une psychologue. Le rendez-vous sur la génétique est peut-être celui qui est le plus perturbant : on donne retrouver des informations sur sa famille, être le plus clair possible sur le passif médical de chacun et chacune et j’avoue que cela n’est pas le moment le plus joyeux de ma vie. En revanche, parler avec une psychologue de ma démarche n’a fait que me conforter dans mon idée d’utiliser mon corps (qui fonctionne super bien) pour le bien-être de ceux et celles pour qui tout cela est plus compliqué. Et si je décidais de ne pas avoir d’enfants, il me semblait que je gâchais quelque peu mon capital santé, qui pouvait servir à d’autres.
Une fois les rendez-vous faits, l’hôpital a pu valider mon profil, me notifier de cette validation et me contacter pour déterminer quand le processus pourrait commencer. S’en est suivi un peu de monitoring de ma part et j’ai pu enfin contacter le secrétariat qui m’a donné le feu vert pour démarrer le traitement. Il n’y avait rien de vraiment compliqué à faire, cela n’a pas été douloureux et j’ai pu gérer moi-même mes piqûres : 10 jours d’un stylo d’hormones, 5 jours d’une petite piqûre pour compenser le traitement et la toute dernière pour enclencher le processus. Pendant ces 10 jours, le suivi se fait en quelques rendez-vous matinaux et prises de sang pour vérifier que tout va bien ! Jusqu’à ce que le compte soit bon et qu’on m’annonce que je pouvais revenir pour la ponction dans quelques jours. Croiser des couples en attente de dons avant ces rendez-vous a été un moment très émotionnel : j’étais heureuse de voir des personnes à qui mon don pourrait servir, mettre des mots sur leur attente et leur envie d’avoir un enfant.
Au petit matin, peu réveillée, je me suis dirigée vers l’hôpital. La ponction a été rapide et sans problème : c’était même plutôt agréable d’être reçue très rapidement et bien entourée. Après, on m’a indiqué que la ponction s’était très bien passée et qu’il y avait suffisamment d’ovocytes à donner. Le bonheur que j’ai ressenti à cette annonce n’a pas d’équivalent. J’étais fière et heureuse, presque comblée d’avoir accompli ma tâche si minime qu’elle soit. De ce jour, j’ai compris que j’étais avant tout une donneuse et que cela changerait la vie de plusieurs personnes.
Je ne saurais que trop appeler à vous engager dans ce don, qui sera peu contraignant pour vous, mais offre, selon moi, une bouffée d’enthousiasme et de joie. Je me suis sentie accomplie, satisfaite et plus que tout, pleine de vie.
Tellement, que j’y retourne dans quelques mois !
Tout mon parcours a été documenté sur un compte Instagram @_madameovary_
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Merci à Madame Ovary pour son don et son témoignage. Nous lui souhaitons bon courage pour son futur don !
Dans la majorité des cas, le don d’ovocytes se passe bien. Si tout comme Madame Ovary, vous souhaitez aider des personnes qui désirent un enfant, n’hésitez pas à prendre contact avec le centre AMP le plus proche de chez vous. En cas de difficulté, vous pouvez bien évidemment nous aider et nous vous aiderons du mieux possible.
Alors voilà.
Je m’appelle Lulu (@lulugaga19) et j’ai décidé de faire un don d’ovocytes.
Je suis infirmière et maman de 3 enfants : 6 ans, 4 ans et 18 mois. Dans la salle d’attente de mon obstétricien, il y avait une publicité sur le don d’ovocytes. Je me suis dis : pourquoi pas ?
Et tiens pourquoi « pourquoi pas » ?
Parce que je suis maman de 3 enfants et que la parentalité est une expérience de vie fabuleuse que je souhaite à tous.te.tes ceux qui le désire.ent
Parce que j’ai confiance en notre système de santé et que même si il y a des choses à revoir, j’ai confiance en nos garde-fous bio-éthiques.
Parce que le manque de donneuses entraînent des retards et des refus, ce qui amène des personnes à partir à l’étranger moyennant finance, non négligeable, avec la question en toile de fond : la parentalité est-elle réservée au plus riche ?
Ma décision est prise je ferais un don un jour. Puis au cours d’une tonte de jardin, j’ai écouté le pod cast de Klaire fait Grr : le plaisir d’offrir sur Arte radio. Ma décision est prise : je vais faire un don cette année.
En Juillet, je me connecte sur le site du don d’ovocytes facilement repérable sur Google. J’ai envoyé ma « candidature ». J’ai reçu rapidement un appel prévoyant un RDV 1 mois et demi après.
Sauf que 15 jours avant le dit RDV, message vocal du centre : ils annulent le RDV et me propose une nouvelle date à laquelle je ne peux pas me rendre. Et là je suis tombée dans un vortex. Impossible de contacter le centre : téléphone indisponible, mail pas de réponse. J’ai bien cru que cela allait mettre fin à mon aventure. Mais à force de persévérance j’ai trouvé un autre mail avec, miracle, un humain de l’autre coté. Ouf ! L’aventure continue.
En Octobre me voici donc au CECOS du CHU de Bordeaux car il n’y a pas de CECOS dans mon département. Bâtiment un peu vieillot, dans un sous-sol, mais personnel vraiment sympathique. J’ai l’impression qu’ils sont contents de me voir (en tout cas mes ovocytes).
Je rencontre une biologiste en charge de la « sélection » des donneuses. Elle me pose un tas de question : « Il est mort de quoi papy ? A quel âge ? Quand ? Et mamie ? Ah ! Vous l’avez pas connue ! C’est dommage !… Et votre mère ?… »
Je comprends l’objectif de cet interrogatoire mais à l’issue j’ai l’impression que je vais être recalée sec.
Ensuite vient l’interrogatoire physique : couleur des yeux, cheveux etc… Je me questionne en mon for intérieur sur la pertinence de cet interrogatoire. Est-ce pour que l’enfant ressemble le plus possible à ses parents ? OK ! Pourquoi pas. Mais il me vient la question des potentielles dérives de cette fausse ressemblance et notamment le secret qu’elle peut engendrer.
Enfin viennent les papiers… et il y en a une tripoté à signer et à donner.
Un notamment sur le consentement pour la recherche des maladies génétiques avec un donnant/donnant plutôt appréciable. Si au détour de l’examen génétique, il est découvert une anomalie potentiellement dangereuse pour ma santé ou celle de mes enfants ou si l’enfant à naître développe une maladie génétique, je serais normalement prévenue.
Autre papier, autre questionnement. LE consentement du conjoint !?
Là c’est en mon for « extérieur » que je m’exprime auprès de la biologiste. Celle-ci me répond que « c’est un don d’un couple à un couple ». OK, alors les femmes célibataires ne peuvent pas donner leurs ovocytes ? « Si si… mais rassurez-vous si monsieur donnait son sperme nous aurions besoin de votre consentement ». Là j’avoue je ne comprends pas : de 1 cette phrase ne me rassure pas mais m’agace, (Il fait bien ce qu’il veut avec son sperme.) et de 2 je fais bien ce que je veux avec mes ovocytes. Mais je me mords la langue et fais signer ce papier à mon cher et tendre, ce qui ne manque pas de le faire rire.
Sinon pour la partie technique de l’affaire, m’étant renseignée avant et étant professionnelle paramédicale, ce fût bref. Par contre ma principale peur qui est de grossir à cause des hormones a été balayée d’un revers de la main par le médecin et un « mais noooonnnnn ».
Je me suis dis que je garderais cette question pour un autre professionnel.
Après ce RDV, direction labo (15 tubes svp) et une question étonnante. « Vous connaissez quelqu’un qui cherche une donneuse ? » « Euh ! Non ! » et on m’informe que si un couple en difficulté amène une donneuse, ils remontent sur la liste d’attente. OK… bizarre !
Sinon, il est à noter que j’ai donné tous les justificatifs de train et de crèche et que j’ai été remboursée en moins de 2 mois.
Alors voilà, j’en suis là pour le moment. J’ai reçu ma convocation pour une autre journée avec au programme une psychologue, une gynéco et une anesthésiste. A bientôt.
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Merci beaucoup à Lulu pour son beau et intéressant témoignage.
Une seconde partie est prévue dans quelques semaines afin qu’elle puisse raconter la suite de son don. Nous lui souhaitons (ainsi qu’à toutes les donneuses) que tout se passe au mieux et qu’elle garde un bon souvenir de son don.
Vous pouvez voir ici les 2 documents auxquels fait référence Lulu dans son témoignage.
Je profite de ce témoignage pour signaler la bonne initiative du CECOS de Bordeaux qui expose depuis le 9 septembre 2020 des œuvres dans le cadre d’un partenariat avec Les Arts au Mur (Artothèque).
[CULTURE] Aujourd’hui Installation d’une exposition d’ #art contemporain 🎨au CECOS au Centre Aliénor d'Aquitaine du @CHUBordeaux dans le cadre de notre partenariat avec l’#Artothèque de @Villedepessac #culture & #Santé pic.twitter.com/hQIOMLkd06
— CHU de Bordeaux (@CHUBordeaux) September 9, 2020
[En direct] L'art contemporain s'invite à nouveau dans les murs du CECOS au @CHUBordeaux. Cette installation d'oeuvres est réalisée grâce à notre partenariat avec Les Arts au Mur -Artothèque et au soutien du dispositif #Culture et Santé @MinistereCC @ARS_NAquit @NvelleAquitaine pic.twitter.com/q21CnyLUYL
— CHU de Bordeaux (@CHUBordeaux) January 13, 2021
Pierre Cabaré, né le 12 décembre 1957 à Toulouse, est un prothésiste dentaire et homme politique français, membre de La République En Marche (LREM).
Le 18 juin 2017, il a été élu député de la Haute-Garonne.
Le 22 septembre 2019, le journal l’Opinion publie l’article « PMA, don de sperme: quand la loi bioéthique résonne avec l’histoire intime des députés »
Nous citons un extrait de l’article en question :
« Il ne l’a confié qu’à certains de ses collègues. Pierre Cabaré, 61 ans, prothésiste dentaire, est député LREM de Haute-Garonne depuis juin 2017.
Il y a trente ans, il a fait un don de sperme**. L’un de ses frères le lui a demandé comme un service : avec sa femme, il avait recours à une insémination artificielle avec tiers donneur. Le fait pour le couple de se présenter eux-mêmes avec un donneur leur permettait d’obtenir en priorité un don d’une autre personne*. Alors, Pierre Cabaré n’a pas hésité longtemps ».
Le 17 octobre 2014, il avait déjà accordé une interview au journal La Dépêche afin d’évoquer son don.
Le 25 septembre 2019, Monsieur le député Pierre Cabaré nous accueillait à l’Assemblée Nationale pour témoigner de son expérience en tant que donneur de gamètes.
Le témoignage ci-dessous est la retranscription écrite des paroles enregistrées par Frédéric Letellier avec l’accord de monsieur Pierre Cabaré lors de l’entretien à l’Assemblée nationale.
Témoignage
Monsieur Pierre Cabaré: « Ce que je veux dire aujourd’hui, c’est d’abord que cette commission spéciale bioéthique est d’un intérêt particulièrement rare. J’aurai appris infiniment de choses.
J’ai dit sur « l’Opinion » que j’avais fait un don il y a une trentaine d’années. Je l’ai fait parce que c’était anonyme et j’ai levé cet anonymat parce qu’après une réflexion d’une dizaine d’années, j’ai pensé qu’il était utile si les enfants « demi-génétiques » devaient se manifester et donner pour leur intérêt et pour leur « construction » (entre guillemets car ils ont des parents qui les ont largement construits), et bien, je serai tout à fait d’accord pour lever ce secret.
Aujourd’hui, je ne regrette rien de ce que j’ai fait, je regretterais juste une chose à l’avenir, c’est que cela puisse se faire dans les mêmes conditions. Je crois absolument que ce don doit être accompagné d’explications. Ces explications, nous ne les avions pas.
On arrive au CECOS, on a une visite avec un psychiatre, l’assentiment de sa femme et à l’époque, il fallait avoir eu un enfant pour pouvoir faire un don. Et puis, cela se passait dans les jours qui suivaient. Je crois que cet accompagnement doit se faire dans un délai raisonnable. Un délai raisonnable, cela veut dire que suivant la personne, il faut qu’elle puisse avoir les réponses à ses questions, y compris parfois des questions que l’on ne se pose pas lorsque l’on fait ce don. Et puis, après avoir fait ce don, il faut pouvoir en reparler, et je crois que cela est important. Il faut pouvoir en reparler à chaque fois qu’il serait nécessaire de le faire. Ce n’est pas très fréquent mais moi vous voyez, 10 ans après, c’était à l’initiative d’un journaliste de la Dépêche du Midi qui me demandait un témoignage pour essayer d’entraîner d’autres personnes vers ce don, puisque cela se passe en décembre la journée du don, et que c’est une seule journée pour sensibiliser les personnes. C’est vrai qu’une journée, c’est court donc, on peut éventuellement réfléchir à la sensibilisation sur d’autres moyens et par d’autres formes, et tout au long de l’année sur ce type de don.
Je pense qu’il faut absolument lever le secret. Il faut lever ce secret (je le voterai d’ailleurs) parce que, si on explique, ce n’est pas un obstacle. Si on explique à quelqu’un, si on dit à la personne comment cela va se passer, les conséquences, forcément, cela ne va pas être un obstacle. Maintenant, c’est vrai que l’on n’expliquait rien, alors évidemment, quand on n’explique rien, on se pose des questions a posteriori et ce n’est jamais bon. Et puis, il semble nécessaire de parler aussi d’une chose à laquelle je n’avais pas pensé quand j’ai fait ce don. Je pense à mes enfants. Mes enfants n’étaient pas au courant de cela. Je ne les avais pas mis au courant parce que cela ne m’était pas venu à l’idée. Eh bien, je crois que parce que cela ne m’est pas venu à l’idée, il faut absolument que les donneurs soient renseignés aussi là-dessus parce qu’il faut leur donner l’idée de le dire. En le disant, forcément, cela lève beaucoup d’obstacles. Cela lève tout ce qui est interrogations autour de ce don.
C’est vrai que je n’ai pas su combien d’enfants pouvaient naître d’un don. Maintenant, je le sais, mais c’est aujourd’hui que je le sais. Je n’ai pas su si ces dons étaient pour la région, le département ou s’ils partaient dans d’autres régions de France. Parce qu’avec entre 5 et 10 enfants par donneur, il peut y avoir des chances de croisements et de consanguinité, donc là aussi, il faut informer.
La dernière chose, c’est qu’il faut informer et il faut que les personnes puissent poursuivre leur vie paisiblement sans avoir l’interrogation de se demander à quel moment quelqu’un pourra sonner à la porte pour dire « est-ce que je peux vous rencontrer parce que vous avez fait un don de sperme ? ». Ça aussi, il faut l’expliquer au départ. Il faut l’expliquer et il faut l’accompagner. Je crois que l’effet de surprise est très mauvais là-dessus.
En revanche, l’accompagnement, oui, j’y crois beaucoup. Il faut aussi pouvoir dire aux personnes, lorsque cela peut arriver, « vous serez prévenus ». Cela ne se passera pas forcément chez vous si vous ne le souhaitez pas mais cela peut se passer ailleurs.
Si l’enfant le demande, on va vous demander si vous voulez bien le rencontrer ou pas, mais la personne pourra ou pas le faire. Ce n’est plus anonyme mais vous avez encore la possibilité de pouvoir faire cette rencontre ou pas.
Je me suis posé la question pour moi, est-ce que je ferais cette rencontre ? J’y ai réfléchi autour d’un projet d’accompagnement. Dans ces cas-là, il faut expliquer au donneur et demander au donneur ce qu’il pense pouvoir dire au jeune (parce qu’à 18 ans, ce n’est plus un enfant) qui se présente. Au jeune qui se présente, y compris à ses parents aussi car finalement, il n’y a pas que le jeune qui est concerné. Bien souvent aussi, les parents, le père et la mère du jeune. À cela, il faut préparer cet entretien parce que deux donneurs seront très différents. Il ne s’agit pas de rentrer dans un cadre affectif (je crois que cela serait assez mauvais) mais dans un cadre de renseignement génétique et je crois que c’est uniquement dans ce cadre-là que cela doit pouvoir s’effectuer avec un donneur qui est bien conscient que son don n’a pas fait de lui un père. En tout cas, mon don n’a pas fait de moi un père ».
Pour en savoir plus sur le député Pierre Cabaré, vous pouvez vous rendre sur son site Internet : https://www.pierrecabare.com/
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*Pour aider l’un de ses frères en parcours PMA avec tiers donneurs, Pierre Cabaré a fait un don croisé anonyme, plus communément appelé « parrainage ». Emilie Goubert, co-fondatrice de notre association a eu l’occasion d’échanger quelques mots avec lui par téléphone: Bien que cette pratique soit interdite par la loi mais largement tolérée, le député l’a lui-même qualifié de « coutumière ». Terme assez juste qui ne fait que confirmer le caractère ambigue et questionnant de cette pratique. Pour en savoir plus,
le « parrainage » (ou don croisé anonyme) a fait l’objet d’un article à retrouver ici >
**Nous préférons le terme plus juste de « spermatozoïdes » à « sperme ». Utiliser l’expression « don de sperme » lorsque l’on évoque le don des gamètes masculins, bien que largement relayée dans divers articles et médias, est une erreur de langage facilitée par le fait que le mot « sperme » est plus cours et facile à écrire. Remettons donc les choses à leur place de cette manière: les spermatozoïdes sont les gamètes masculins (cellules reproductrices mâles), les ovocytes sont quant à eux, les gamètes féminins (cellules reproductrices femelles). Le sperme quant à lui est le liquide biologique contenant les spermatozoïdes. Nuance donc.