Archives de catégorie : Créations
Né d’une PMA, je veux savoir d’où je viens !

Chaque année, plus de 26 000 bébés naissent grâce aux différentes techniques de procréation médicalement assistée. La plupart sont issus des gamètes de leurs parents, mais certains ont été conçus grâce à un donneur anonyme de sperme ou d’ovocyte. Aujourd’hui, malgré l’évolution des mentalités, cette aide à la conception reste un sujet tabou. Alors, quand le secret est levé, ces jeunes ont parfois l’impression que leur monde s’écroule. Comment affronter l’avalanche de questions qu’ils se posent sur leur origine et leur hérédité ? Le magazine a enquêté au coeur des familles sur les tabous et les secrets liés aux dons, mais aussi sur certains scandales qui pourraient éclater
Genre : Société
Durée : 65 minutes
Réalisateur : Candice Baudin, Stéphanie Mischi
Année : 2019
Première diffusion : 12 juillet 2019 sur téva
Les enfants du secret

Dans un bouleversant journal intime filmé, Rémi Delescluse, né d’un donneur anonyme, enquête sur son géniteur et rencontre celles et ceux qui militent pour la levée du secret.
La compagne de Rémi Delescluse va bientôt mettre au monde une fille. À l’approche de l’heureux événement, le futur papa prend soudain conscience qu’un vide s’invite à la fête : « Ma fille porte déjà en elle une part de cet homme et je ne sais absolument rien de lui », constate-t-il. Lui, c’est le donneur anonyme dont le sperme a servi à l’insémination artificielle de la mère de Rémi. Le désir d’humaniser cet homme, mais aussi de connaître ses antécédents médicaux, la moitié de son patrimoine génétique lui étant inconnu, pousse le réalisateur à partir en quête de ses origines dans un film en forme de bouleversant et instructif journal intime filmé.
En France, depuis le début des années 1970, environ 70 000 enfants ont été conçus par insémination avec donneur anonyme, et la loi leur interdit toujours d’obtenir la moindre information sur leur géniteur. Dans les banques de sperme (les CECOS), les médecins avaient imaginé un dispositif construit autour du secret pour dissimuler la présence du donneur, car ils bousculaient alors l’ordre naturel de la conception et la société française n’y était pas encore disposée. Rémi Delescluse dévoile un système opaque, longtemps resté sans réel contrôle, comme l’atteste le témoignage d’un « serial donneur » qui aurait permis la conception d’environ deux cents enfants. Le cinéaste rencontre également des femmes et des hommes venus au monde de la même manière que lui. Une première génération devenue adulte qui, après avoir suivi en vain la voie légale, s’empare en derniers recours de tests ADN (interdits en France) pour retrouver leurs donneurs. À travers cette quête intime, le film explore le poids des secrets de famille et interroge les frontières de la filiation.
https://www.youtube.com/watch?v=zjZAJ4f9WgY
Réalisation : Rémi Delescluse
Pays : France
Année : 2019
Date de première diffusion : 9 juillet 2019
Chaîne : Arte
Lien : https://www.arte.tv/fr/videos/083301-000-A/les-enfants-du-secret/
Extrait :
Rapport d’information sur l’adaptation de la politique familiale française aux défis de la société du XXIe siècle
Ce rapport comporte 40 propositions, dont 2 qui nous concernent particulièrement.
Proposition n° 37 : initier un plan de communication en faveur du don de gamètes.
Proposition n° 40 : assurer la fourniture suffisante de gamètes pour absorber la demande supplémentaire issue de l’extension de l’AMP, sur plusieurs années, afin de garantir le principe de la gratuité du don.
Nous sommes évidemment favorables à un plan de communication en faveur du don de gamètes afin d’augmenter le nombre de donneurs.
On fait parfois des vagues

Quelques jours après son dixième anniversaire, Nicolas apprend que son père – avec qui rien n’est simple, tant l’homme et le garçon paraissent différents – n’est pas son père biologique. Que faire alors du généreux donneur de gamètes ? L’oublier ? Le nier ? À 30 ans, Nicolas décide de partir à la recherche de son « bon génie » biologique malgré les obstacles administratifs qu’il s’attend à rencontrer.
Depuis ses premiers textes (Rester Sage, Alma, 2012), presque tous les romans d’Arnaud Dudek tournent autour de la paternité, de l’identité, de la transmission. Il a trouvé, une fois encore, le ton juste pour raconter, à sa manière, une quête à la fois intime et universelle des origines et pose toutes ces questions qui intriguent – sans avoir la prétention d’y répondre : Qu’est-ce qu’un père ? Que transmet-on ? Comment se construit-on quand on se sent si différent du modèle à suivre ?
Arnaud Dudek est né en 1979. Il habite et travaille à Paris.
Informations bibliographiques
Auteur : Arnaud Dudek
Editeur : Anne Carriere Eds
Date de parution : 21/08/2020
Format : 14cm x 20cm
Poids : 0,2370kg
EAN : 978-2843379949
ISBN : 2843379946
Nombre de pages : 192
Format : 14,00 x 20,50 x 1,60 cm
TOUT VA BIEN, THE KIDS ARE ALL RIGHT

Maintenant que Joni a l’âge légal pour accéder à leur dossier à la banque du sperme, son frère et elle décident de retrouver le donneur dont ils sont tous deux issus. Papa-donneur est rapidement séduit par les deux adolescents qui frappent à sa porte.
Spontanément, ils l’invitent à dîner pour la présentation aux parents : deux mamans qui vivent ensemble depuis 20 ans. Mais l’arrivée d’un papa sexy peut causer beaucoup de dégâts…
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Tout va bien ! The Kids Are All Right, ou Une famille unique au Québec et au Nouveau-Brunswick, est un film dramatique américain de Lisa Cholodenko sorti en 2010.
Réalisation : Lisa Cholodenko
Scénario : Lisa Cholodenko, Stuart Blumberg
Acteurs principaux : Julianne Moore, Annette Bening
Sociétés de production : Focus Features, Gilbert Films
Pays d’origine : États-Unis
Genre : Drame, romance saphique
Durée : 107 minutes
Sortie : 2010
Les limites d’une approche principiste dans l’éthique du don d’éléments et produits du corps humain.
Auteur : Thibert Jean-Baptiste
Directeur médical EFS Bretagne, Rue Pierre Jean Gineste, 35016 RENNES Cedex, France
Date de mise en ligne : Mercredi 1er juillet 2020
Résumé
Les principes de bénévolat, d’anonymat, volontariat et non profit constituent les piliers du don d’éléments et produits du corps humain en France et le don du sang a servi de modèle dans la structuration des dons d’organes, de cellules souches hématopoïétiques ou de gamètes. Ces principes, qui de prime abord apparaissent comme intangibles, communément admis et transposables entre les différents types de dons, révèlent toutefois des singularités au regard d’un imaginaire collectif, d’une réalité biologique, de l’évolution de la société, de la médecine et de la science. Au travers de l’étude de ces différents principes appliqués aux éléments du corps humains objets de don, cet article vise à souligner les limites sur le plan éthique d’une seule approche principiste. Les notions d’anonymat, de consentement, volontariat, non-profit, sous leur caractère universel, révèlent des variabilité d’interprétation et de portées du fait même de caractéristiques, d’implications et de finalités hétérogènes entre ces dons d’éléments différents et des utilisations qui en sont faites.
Mots clés : Don de sang, don d’organe, don de gamète, éthique, principisme, éléments et produits du corps humain, bioéthique
Lien du document : : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1246782020300811
Thèse Le don d’engendrement et le Droit
Auteure : Khalidja EL MAHJOUBI, sous la direction de M. Xavier LABBÉE
Discipline : Droit
Date : Présentée et soutenue publiquement le 13 mars 2020
Membres du jury :
– Mme. Valérie DEPADT, maître de conférences HDR à l’Université Sorbonne Paris Cité, Paris 13 (Rapporteur)
– Mme. Bérengère LEGROS, maître de conférences HDR à l’Université de Lille
– M. Jean-Jacques LEMOULAND, professeur agrégé à l’Université de Pau et des pays de l’Adour (Président du jury)
Résumé :
Depuis que l’homme a su reproduire l’exploit de la fécondation à l’extérieur du corps humain, il n’a eu de cesse de repousser les limites de la procréation jusqu’à̀ parfois défier l’impossible. Le modèle français de l’assistance médicale à la procréation a été́ conçu autour du couple parental hétérosexuel comme une réponse médicale à un problème médical d’infertilité́. C’est dans ce cadre que le don de gamètes fait son entrée afin d’offrir un moyen supplémentaire de concevoir un enfant. À rebours des autres dons corporels, le don d’engendrement n’a aucune vertu thérapeutique car il ne soigne pas la stérilité́ mais y remédie par l’apport extérieur de forces procréatrices. Ce modèle initial introduit par les premières lois fondatrices du droit de la bioéthique du 29 juillet 1994 a confèré un cadre légal aux activités de l’AMP en leur appliquant les principes de volontariat, de gratuité et d’anonymat. Ce modèle qui seyait parfaitement aux adultes, reléguait en revanche l’enfant au second rang dont l’intérêt a fini par ressurgir dans le débat bioéthique par une remise en question des fondements mêmes de l’AMP avec tiers donneur. Notre thèse met ainsi l’accent sur deux aspects indissociables du don d’engendrement ayant pour point commun l’identité : identité juridique du don d’engendrement d’une part, est-il question d’un acte juridique unilatéral ou bien d’un contrat ? Et identité́ biologique du don d’autre part, voilée par l’anonymat et quêtée par l’enfant issu du don. Comme la gratuité, le principe de l’anonymat est une règle impérative qui a nécessairement des répercussions sur le choix de la qualification juridique du don d’engendrement. Cette thèse est aussi placée sous le changement de paradigme opéré́ par la prochaine révision de la loi de bioéthique. Une double rupture est annoncée que ce soit en matière de procréation artificielle élargie à la procréation assistée sociétale que sur le principe de l’anonymat sur lequel la loi entend revenir pour garantir l’accès aux origines des enfants nés de dons de gamètes.
Mots clefs : assistance médicale à la procréation ; don d’engendrement ; contrat ; acte de renonciation ; droit de la bioéthique ; anonymat du donneur ; droit d’accès aux origines.
Introduction du sujet :
La procréation occupe une place centrale dans les débats de bioéthique, en atteste d’ailleurs la place accordée à cette thématique à l’occasion des travaux préparatoires de la nouvelle loi de bioéthique. Pour rappel, en droit français, l’assistance médicale à la procréation est communément définie comme l’ensemble des procédés biologiques permettant de remédier à l’infertilité d’un couple sans pour autant en traiter la cause ou bien éviter la transmission d’une maladie à l’enfant ou à l’un des membres du couple. Mon sujet de thèse s’inscrit dans ce cadre puisque je me suis intéressée spécifiquement au sujet du don de gamète qui constitue un moyen supplémentaire de répondre à l’infertilité d’un couple afin de l’aider à réaliser son projet parental. Au-delà des questionnements éthiques posés par cette thématique, l’objectif principal de mes recherches a été de revisiter / réactualiser ce sujet en le projetant dans le contexte des évolutions récentes en matière de procréation artificielle. Pour ce faire, deux aspects devaient à mon sens être étudiés :
Conclusions des recherches :
En m’appuyant sur une bibliographie fournie composée de documents législatifs (lois, travaux préparatoires), ouvrages spécifiques et multidisciplinaires, articles de doctrine, complétée par des entretiens auprès des responsables du CECOS de Lille, des consultations au centre de documentation du Comité consultatif national d’éthique, j’ai fini par aboutir à deux séries de conclusions en réponse aux deux aspects décrits :
La première série de conclusions concernent la problématique relative à l’identité juridique du don d’engendrement. Ma démarche a été la suivante : suivre de façon linéaire le cheminement du don en partant d’abord de la description de son objet : les gamètes et leur singularité comparée aux autres ressources corporelles pour ensuite m’arrêter sur leur finalité : la conception d’une nouvelle vie, d’un nouvel être humain, qu’on appellera avant la naissance, l’embryon et ensuite foetus (enfant à naitre). Pour ma part, il était essentiel de revenir sur le statut de l’embryon médicalement assisté tant les enjeux le concernant sont encore vifs et controversés avant de me focaliser sur l’appartenance juridique du don d’engendrement. Sur ce dernier point, la question qui s’est d’emblée poser a été de savoir si le contrat et le don biologique assorti des nombreuses règles d’ordre public, sont compatibles. En réponse, J’ai démontré que deux options étaient envisageables : le classique acte juridique unilatéral, déjà avancé par certains auteurs, analyse que j’ai complété en ajoutant un aspect subjectif avec l’acte de renonciation et ensuite la technique contractuelle. En m’appuyant largement sur l’ouvrage « contrats et vivant » de F. Bellivier et C. Noiville ainsi que sur plusieurs thèses, le contrat s’est révélé être un instrument de choix voire à privilégier à condition de partir d’une acception large du contrat. Cette dernière qualification serait alors le relai nécessaire de la loi (avec une grande dose de règles d’ordre public) et un instrument protecteur du statut du donneur. Ce contrat pourrait être envisagé sur le modèle du contrat d’adhésion de droit commun.
La seconde série de conclusions concerne l’identité biologique du donneur voilée par l’opacité de l’anonymat. Jusqu’à aujourd’hui et bien qu’il ait traversé plusieurs zones de turbulences, le principe de l’anonymat n’a jamais oscillé. Aussi, je tenais à préciser que ma position sur ce sujet a grandement évolué puisqu’à l’origine, j’étais plutôt partisane du maintien du principe de l’anonymat des donneurs de gamètes car j’estimais et c’est toujours le cas que ces derniers accomplissent un geste éminemment altruiste dans le seul but d’aider des couples à concevoir un enfant et qu’il était donc légitime que la loi les protège. Mais au fil de mes recherches qui se sont étendues au-delà de notre seul droit national, je suis arrivée à la conclusion selon laquelle ce principe portait atteinte à l’intérêt de l’enfant car il a des conséquences beaucoup plus importantes dans le cas du don de gamètes que dans les autres types de dons. En effet, l’anonymat en voilant la vérité biologique et la vérité tout court sur la filiation s’avère en réalité être un instrument au service du secret sur le mode de conception qu’on ne peut davantage tolérer/ maintenir lorsqu’il porte irrémédiablement atteinte à l’intérêt de l’enfant. En prenant en considération ces différents aspects, ma position a par conséquent évoluer en faveur d’une thèse argumentative sur la nécessité de parvenir à un certain équilibre entre la garantie d’un droit d’accès aux origines de l’enfant issu d’un don tout en respectant l’intérêt du donneur. C’est donc la thèse que je défendais jusqu’à ce que, contre toute attente le projet de loi relatif à la bioéthique procède à un revirement inattendu en ouvrant et organisant un véritable droit d’accès aux origines en faveur des enfants nés de dons de gamètes, cette évolution m’a amené à une reconfiguration nécessaire de ma thèse afin d’accueillir et présenter ce nouveau paradigme de la procréation artificielle en France ainsi que ses conséquences sur la filiation. D’autant plus que l’ouverture de l’AMP à toutes les femmes aura nécessairement des incidences sur l’offre de gamètes que les pouvoirs publics n’ont pas assez anticipées.
En définitive le don d’engendrement n’est pas incompatible avec le contrat dont il emprunte les traits lors de la phase de sélection du donneur. En dépit des nombreuses règles impératives qui régissent le don corporel, la technique contractuelle devrait être privilégiée afin de garantir la protection du donneur contre les conséquences de l’ouverture d’un droit d’accès aux origines personnelles de l’enfant issu du don et assurer la paix des familles.
L’anonymat du don de gamètes à l’heure des tests génétiques
Auteurs : Anne-Sophie Neyroud (1,2), Mélanie Roche (1), Mathilde Domin (3), Sylvie Jaillard (2,4) Célia Ravel (1,2)
1 : CHU Rennes, Service de Biologie de la Reproduction-CECOS, 35000, Rennes, France
2 : Univ Rennes, Inserm, EHESP, Irset (Institut de recherche en santé, environnement et travail) – UMR_S 1085, F-35000 Rennes, France
3 : CHU Rennes, Service de Gynécologie, 35000, Rennes, France
4 : CHU Rennes, Laboratoire de cytogénétique, 35000, Rennes, France
Date de mise en ligne : Jeudi 18 juin 2020
Résumé
Le développement des tests génétiques à visée récréative, bien qu’interdits en France, lance un réel défi à la pratique actuelle du don de gamètes dans le cadre des CECOS. L’anonymat du don de gamètes est aujourd’hui un principe du don de gamètes en France, aux côtés de la gratuité et du volontariat. Ce principe est fragilisé en raison de la mise à la disposition du grand public de ces tests sur Internet. On estime à plusieurs milliers les personnes conçues par don de gamètes dans le monde, dont certaines ne connaissent pas leur mode de conception. Les donneurs de gamètes devraient être informés qu’à présent leur anonymat pourrait ne plus être garanti, car ils peuvent être identifiés par des homologies de leur ADN, ou de celui d’un parent ou d’un enfant, potentiellement disponibles dans les bases de données. Les adolescents et/ou adultes conçus par don de gamètes mais non informés par leurs parents peuvent découvrir ainsi leur mode de conception. II conviendrait également de prévenir les couples receveurs d’un don de gamètes que l’ADN de leur enfant est susceptible d’établir la discordance biologique. C’est un argument supplémentaire pour les encourager à informer leur enfant de son mode de conception. Plusieurs pays permettent désormais aux enfants et/ou adultes conçus par don d’obtenir l’identité du donneur. En France, le projet de loi relatif à la Bioéthique est actuellement en cours de finalisation et permettra désormais aux personnes conçues par don de gamètes d’accéder à leurs origines.
Mots clés : don de gametes, anonymat, test génétique
Lien du document : : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2468718920302105
Extrait de la conclusion
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Pour l’anecdote, j’avais eu la chance de rencontrer le professeur Célia Ravel et Mélanie Roche le 16 août 2018 et je garde un bon souvenir de cette rencontre au CECOS de Rennes.
Assistance médicale à la procréation et filiation
Auteurs : Michaël Grynberg (a, b) : Gynécologue-obstétricien, chef de service, Hélène Malmanche (c) : Doctorante en anthropologie, Irène Théry (c, d) : Sociologue, directrice d’études
a : Service de médecine de la reproduction et de préservation de la fertilité, Hôpital Antoine-Béclère, AP-HP, 157, rue de la Porte-de-Trivaux, 92140 Clamart, France
b : Service de médecine de la reproduction, Hôpital Jean-Verdier, AP-HP, avenue du 14-Juillet, 93140 Bondy, France
c : Centre d’études sociologiques et politiques Raymond-Aron, Unité mixte de recherche (UMR) 8036, École des hautes études en sciences sociales, 6, rue Suger, 75006 Paris, France
d : Centre Norbert-Elias, Unité mixte de recherche (UMR) 8562, École des hautes études en sciences sociales, 2, rue de la Charité, 13002 Marseille, France
Date de mise en ligne : Jeudi 18 juin 2020
Résumé
La filiation est un lien juridique unissant l’enfant à ses ascendants selon des règles de droit, dont on peut retracer les évolutions au fil du temps. Jamais ces règles ne sont un décalque du lien génétique, bien qu’elles aient pour objectif de mettre en sens la perpétuation de l’espèce humaine par la reproduction sexuée. L’assistance médicale à la procréation, et en particulier celle impliquant le recours à un tiers donneur, a suscité des questions sur la filiation depuis la démocratisation de l’insémination artificielle avec donneur dans les années 1970, jusqu’aux débats bioéthiques les plus contemporains. Parce qu’il dissocie partiellement la dimension de la procréation d’avec la filiation, l’engendrement avec tiers donneur crée une situation particulière au regard du droit de la filiation : des personnes qui procréent, parce qu’elles le font dans un contexte où elles sont des donneurs ou donneuses de gamètes, ne sont pas reliées par un lien de filiation à l’enfant issu de leur don. À l’heure où l’accès aux origines pourrait être ouvert et où les dons de sperme sont en passe de devenir accessibles à toutes les femmes, la question est de savoir sous quelles modalités le lien de filiation pourrait être établi entre les enfants issus de don et leurs parents.
Plan
Filiation et assistance médicale à la procréation : repères principaux
Filiation, définitions et distinctions utiles
Assistance médicale à la procréation, définitions et distinctions utiles
Filiation et assistance médicale à la procréation : les deux moteurs du changement social
Modèle « Ni vu ni connu » : de l’évidence des années 1970 aux fissures des années 1980 et 1990
Une longue histoire masculine, quatre facteurs sociologiques
Les deux versants du modèle « Ni vu ni connu »
Premières fissures dans le modèle « Ni vu ni connu »
Émergence d’un nouveau principe de responsabilité
Modèle bioéthique français de 1994 : institution d’une modalité particulière de filiation
Déontologie des Centres d’étude et de conservation des œufs et du sperme et refus du libéralisme familial
Lois bioéthiques de 1994 : un modèle « thérapeutique » du don
Institution d’une modalité très particulière de filiation
Assistance médicale à la procréation pour toutes et filiation : les enjeux principaux de la réforme de 2020
Distinguer filiation et origines personnelles
Ouvrir les débats sur l’établissement de la filiation : quatre solutions
Conclusion
Déclaration de liens d’intérêts
Mots clés : Assistance médicale à la procréation, Bioéthique, Filiation, Origines, Don de gamètes, Don d’embryons, Engendrement avec tiers donneur
Lien du document : : https://www.em-consulte.com/article/1371880